Le budget 2025-2026 du gouvernement du Québec s’inscrit dans un contexte économique marqué par la nécessité de concilier croissance économique, compétitivité des entreprises et transition écologique. Alors que plusieurs économies avancées doivent composer avec un ralentissement de la croissance et une pression accrue sur les finances publiques, le Québec fait le choix de soutenir stratégiquement certains secteurs pour maintenir sa vitalité économique et renforcer son autonomie. L’innovation, la transition agroenvironnementale et le développement régional sont au cœur de cette stratégie.
Ce budget intervient aussi dans un climat commercial nord-américain en transformation. Les tensions tarifaires persistantes avec les États-Unis, notamment sur certains produits agricoles et transformés, soulignent l’importance d’une autonomie accrue en production alimentaire et en développement technologique. À l’échelle canadienne, l’Accord de libre-échange canadien (ALEC), qui vise à réduire les obstacles au commerce interprovincial, représente une opportunité notable pour les entreprises agtech du Québec. Il facilite la circulation des technologies et des services à travers le pays, ouvrant de nouveaux débouchés pour les innovations agricoles développées localement.
1. Mesures liées à l’innovation, l’agriculture, l’agroalimentaire et la technologie
Le budget 2025-2026 met en place plusieurs mesures ciblées pour accélérer l’innovation dans les secteurs agricoles et agroalimentaires, tout en stimulant la productivité et la durabilité des entreprises établies en région.
- *Nouveau* Crédit d’impôt pour la recherche, l’innovation et la commercialisation (CRIC) : 271,5 M$ sur 5 ans pour appuyer la R-D, la mise en marché de nouvelles technologies et leur intégration dans les chaînes de valeur.
- Politique bioalimentaire 2025-2035 : 60,3 M$ supplémentaires sur 5 ans pour améliorer la productivité, favoriser les circuits courts, renforcer la durabilité et stimuler l’innovation.
- Plan d’agriculture durable : 100 M$ additionnels, portant l’investissement total à 225 M$, pour soutenir les pratiques agroenvironnementales, le transfert de connaissances et l’adaptation des entreprises agricoles.
- Développement régional et zones d’innovation : 202,3 M$ prévus pour appuyer les projets innovants bioalimentaires en région et 194 M$ pour soutenir les zones d’innovation comme Technum Québec, ainsi que la recherche et l’innovation.
2. Mesures liées à l’investissement en entreprise et à l’exportation
Au-delà du secteur agricole, le budget 2025-2026 prévoit plusieurs incitatifs financiers visant à stimuler l’investissement privé, améliorer la productivité des entreprises et soutenir leur compétitivité sur les marchés nationaux et internationaux :
- Renforcement des programmes d’appui à l’investissement productif et à la modernisation des entreprises : Ces programmes incluent des aides financières bonifiées pour les entreprises manufacturières et technologiques souhaitant automatiser leur production, améliorer leur efficacité énergétique ou adopter des technologies propres.
- Soutien à la commercialisation de technologies innovantes : Le gouvernement prévoit la création de nouveaux outils fiscaux ainsi que des fonds d’investissement publics-privés pour aider les PME à franchir l’étape de la mise en marché. L’objectif est de faciliter le passage de la R&D à la valorisation commerciale, un enjeu majeur pour les entreprises agtech en croissance.
- Mesures de soutien à l’exportation : Le budget inclut une bonification des ressources dédiées à l’accompagnement à l’exportation, notamment par l’intermédiaire des attachés commerciaux, des missions à l’international et des programmes d’accompagnement. Ces mesures visent à renforcer la diplomatie économique, simplifier l’accès aux marchés étrangers et appuyer les démarches de certification ou de conformité pour les produits technologiques québécois.
- Encouragement à la création d’emplois hautement qualifiés : Le budget prévoit un soutien au développement de pôles d’innovation en lien avec la recherche appliquée, le développement des compétences et l’attraction de talents. Des investissements sont prévus pour favoriser les stages, les collaborations entre entreprises et centres de recherche, ainsi que le recrutement d’expertises en robotique, en intelligence artificielle ou en biotechnologies, secteurs qui croisent de plus en plus les besoins de l’industrie agtech.
Ces mesures peuvent bénéficier directement aux entreprises agtech en phase de croissance ou d’implantation au Québec, en offrant un environnement propice à la mise en valeur et à la diffusion internationale des innovations.
3. Positionnement du Québec comme territoire d’innovation agtech
Le budget 2025-2026 renforce le positionnement de la Zone Agtech comme un territoire stratégique pour les investissements en technologies agricoles. Par comparaison à d’autres juridictions, le Québec se distingue par :
- Une vision claire de la transition agroécologique, soutenue par des mesures financières cohérentes et progressives;
- L’intégration des technologies dans les politiques publiques de développement régional, via les centres et zones d’innovation;
- Un cadre fiscal compétitif pour les activités de R&D et de commercialisation technologique;
- Un environnement propice à l’expérimentation et à la collaboration entre acteurs académiques, industriels et agricoles.
En renforçant ses investissements dans l’innovation, le secteur bioalimentaire et la technologie, le Québec suit une tendance observée dans différents pays reconnus pour leur leadership en agtech, dont:
- Pays-Bas : Réputés pour leur agriculture de précision et leurs serres technologiques, les Pays-Bas ont misé sur des partenariats entre le gouvernement, les universités et le secteur privé pour stimuler l’innovation agricole.
- Israël : Connu pour ses solutions innovantes en matière d’irrigation et d’agriculture en milieu aride, Israël investit massivement dans la recherche et le développement agricoles, soutenu par des incubateurs technologiques et des fonds d’investissement dédiés.
- Australie : Avec des initiatives telles que l’Australian Centre for Field Robotics, l’Australie développe des technologies robotiques pour l’agriculture, soutenues par des collaborations entre le secteur académique et industriel.
Ainsi, le budget 2025-2026 reflète une orientation stratégique affirmée vers un positionnement international, et crée les conditions favorables à l’implantation de solutions agtech, à l’attraction de talents, de capitaux et de partenaires d’envergure.